du 4 novembre au 3 décembre 2023.
Les arbres du poète
De ses promenades dans le réel, Michel Demart a élu quelques arbres, porteurs de ses appels au rêve et à une vision envoûtée de l’univers qui est le nôtre, mais plus encore le sien. L’eau, véhicule des couleurs, sera leur élément ; le petit caboteur notre guide ou notre refuge au panache vivant parfois dispensateur de pigments, traversant l’immensité étale de l’infini aquatique de la pensée et des émotions. Sans doute, leurs racines tirent de la terre la substance de la vie qu’ils emportent au fil des saisons, n’oubliant pas de simuler la mort qui leur permet de se déployer, voire de se métamorphoser en sources de lumière pour éclairer un logis isolé posé sur un rocher peu hospitalier.
Pilier de l’univers, l’arbre unit le ciel à son support de papier qui en est issu. Aussi de cet espace qui nous apporte l’ombre, la lumière, le bleu, l’ocre, le gris, les blancs moutonnements gardés en réserve, tombent les feuilles ou zèbre l’éclair qui ne le terrasse pas et se transforme en taches lumineuses rassurantes.
Troncs et branches se tordent, se divisent au gré d’un japonisme créateur et d’une inventivité poétique, musicale, volontiers humoristique. Michel Demart joue avec toutes les ressources de la technique choisie. Là une forêt bleue semble se noyer, tout comme un écran de bouleaux dont le cadrage resserré profite d’une migration colorée. Ailleurs, le point de vue propose un élan vers la canopée et une trouée céleste traversée par une formation de grands oiseaux.
Ici une alouette s’échappe au son d’un violon imaginé par Ralph Vaughan Williams et fait chanter le vide de son ascension. Toujours l’Orient s’invite dans la conception graphique, le rapport entre la mer, la brume, les montagnes lointaines.
Arbres mécaniques, des éoliennes évoquent les moulins d’enfance, la plage, dispensent l’électricité moderne ou la neige. Et si le bateau phare semble prisonnier, le petit navire au loin nous entraîne dans une délicatesse lyrique illimitée…
Jacqueline Guisset
Docteur en Histoire de l’Art
Aquarelliste et illustrateur, Michel Demart a présenté depuis 1979 de nombreuses expositions, tant en Belgique qu’au Luxembourg où il a longtemps résidé. Son travail s’appuie sur des thèmes et des idées faisant appel à l’imaginaire pur. Ainsi apparaissent régulièrement des lignes d’horizons sur lesquelles les plans du paysage se dédoublent ; surgissent des signes indicateurs que transgresse le prisme surréaliste de l’image ou se dressent des gratte-ciel, témoins du décalage qu’ils impriment à leur environnement.
Les aquarelles de Michel Demart sont des voyages à l’horizon d’une poésie surréaliste où l’évasion sans limites entraîne le spectateur dans un espace de rêve qui donne au temps une dimension infiniment contemplative.
Parallèlement, son talent d’illustrateur l’amène à répondre à de nombreuses demandes publiques et privées. Il réalisa ainsi des aquarelles originales pour la Commune de Clervaux, les Solistes Européens, le Festival de Wiltz, le Festival International de Guitare, le Letzebuerger Kannerduerf et la Poste, pour laquelle il créera les timbres de Noël 1999, 2003 et 2006. Il a illustré aussi plusieurs livres pour enfants et participé à des projets de l’Education Nationale.
A l’étranger, il collabore avec les éditions Deutsch (Allemagne) et ABC (Suisse). En 1999, il est invité à participer à l’exposition rétrospective sur le personnage de Tijl Uylenspiegel: « De wereld op zijn kop », organisée par la ville de Damme, en Flandre.
Michel Demart a exposé en Belgique, en Irlande, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Luxembourg. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées mais ont été aussi acquises par les communes de Clervaux, de Strassen et d’Hesperange ainsi que par le Musée du Vin à Ehnen, la Dexia Banque Internationale, la Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat et le Domaine thermal de Mondorf-les-Bains.
Bibliographie
Demart, Présentation par Jacqueline Guisset, édité en 2018
Demart "Point de fuite", préface de Georges Remi Jr, édité en 2011
Liens externes
Expositions précédentes - Eerdere tentoonstellingen - Previous exhibitions
du 15 mai au 27 juin 2021.
"On part dans une image comme on part en voyage, le temps est infiniment ralenti et les émerveillements du passé se confondent avec les impressions d’aujourd’hui. Moi qui n’ai pas le pied marin, il m’est apparu un jour que le bateau devait être le plus parfait moyen d’évasion. Parce qu’il traverse des espaces sans limites et que lui seul est capable d’aller s’inspirer au-delà de la ligne d’horizon. C’est donc au bord du rivage que tout a commencé.
Mer du Nord. Le regard de l’enfance. Il y a un phare oublié au milieu des terres, les cabines de plage qui prennent un bain de lumière, les mouettes dont le ballet se confond avec celui des cerfs-volants, le vent chargé de sable qui vous pique aux jambes et l’eau grise qui écume, prend d’assaut les brise-lames jusqu’à la digue et se retire. Et puis les yeux se perdent au-delà des vagues. Un bateau glisse sur l’horizon dans un mouvement à peine perceptible. Et disparaît.
Bien des années plus tard, il réapparaît chargé d’images alors que je voyage autour de mon atelier. Là où le regard se porte, il existe tout un univers dont le bateau a été le témoin. Chaque feuille blanche attend donc qu’il raconte en couleurs le monde imaginaire qu’il a parcouru. C’est une grande chance de pouvoir franchir la frontière entre la réalité et le rêve. Et d’en revenir. Alors vient le moment de partager l’émotion de la découverte, sans pour autant quitter l’horizon ces yeux, car sans horizon il n’y a pas de fuite." ( Avant-Propos de l'artiste dans l'ouvrage "Point de fuite", édité en 2011)
du 25 mai au 24 juin 2018.
du 12 février au 2 mars 2016.
En bateau ! ...
L’illusionniste Michel Demart nous mène en bateau vers des destinations poétiques où l’humour et l’actualité croisent le crayon et le pinceau. L’artiste, en effet, a choisi ce mode de déplacement dans le fantasme et l’espace de ses créations. Petit bateau à vapeur pour laisser un nuage de fumée qui, parfois, seule le signale à l’attention de l’observateur, le véhicule aquatique emprunte des chemins invisibles qui traversent les images et se perdent au-delà de l’horizon. Un autre monde nous est offert, celui de l’imagination qui parle à l’esprit et au cœur. Des antagonismes se créent qui ouvrent de nouvelles perspectives. Dessin précis et main libre, ombre et lumière, proportions inversées, intérieur et extérieur, eau et désert inventent un surréalisme magique.
... Le périple ne s’arrête jamais. Si le bateau s’abrite dans une crique c’est pour mieux reprendre son cap contre vents et marées. Ainsi notre songe traverse les embruns, déchire les nuages et, grâce au peintre, nous propose un rivage où aborder un instant, celui de la contemplation, d’une communication poétique qui ouvre une fenêtre sur un monde où nous pourrions vivre.
Ce monde, Michel Demart le voudrait apaisé et délicat, flottant au gré de l’eau et des mirages. Mais la réalité le rattrape et lui oppose cette question : un tel monde serait-il possible ? Sans doute faut-il suivre le poète qui, sur son bateau ivre ou son vaisseau fantôme, nous chante une promesse illusoire à laquelle, humbles spectateurs, nous voulons croire et qui nous fait entrer dans un brouillard d’où la ligne de l’horizon, courbe comme il conviendrait, nous fait basculer dans la magie de l’image.
Jacqueline Guisset
Docteur en Histoire de l’Art (Extraits de «DEMART», mai 2018)