du 11 mai au 23 juin 2024
Explorations picturales : les tableaux envoûtants de Valerio Cugia
Il est ardu d'aborder Valerio Cugia à la suite des analyses déjà prodiguées par des experts qui ont brillamment décrypté son style, ses inclinations et ses influences. Dans cette optique, je m'efforce d'appréhender sa nouvelle série de tableaux.
En attendant un ouvrage consacré à cet auteur désormais confirmé, je m'attarde sur trois aspects majeurs. Le premier concerne le choix de perspective adoptée par le peintre romain. Cugia possède le don de nous immerger dans son regard. Personnellement, il m'est impossible de résister à l'attraction de son point de vue. À maintes reprises, je me suis interrogé sur les raisons de cette fascination. Ainsi, j'ai tenté de m'extraire de la toile pour me glisser dans sa peau, ressentir son émotion face à ce qui l'a captivé. J'ai eu l'impression de me retrouver sur le seuil d'un café, en train de choisir ma table, désireux d'explorer un corridor, comme si j'avais le pouvoir d'ouvrir les portes qui le segmentent. J'ai parcouru des collines, posé mes pieds sur du sable brûlant, trouvé refuge à l'ombre de rochers sous un ciel ensoleillé, découvert un coin de rue, suivi le lent labeur d'une femme de ménage latino-américaine, et – bien que cela soit indélicat à avouer – j'ai également accompagné une jeune fille aux cheveux roux jusqu'à la pièce où elle allait entrer. Cugia nous convie dans ses tableaux par le choix émerveillé d'une perspective captivante.
En même temps, et c'est là mon deuxième point, cette immersion n'est qu'un leurre, car nous pénétrons en réalité dans son propre univers, dans sa vision de couleurs imaginaires, de collines aux teintes prune, d'ombres et de reflets irréels, de roches en papier mâché, de plages artificielles. Observez comment la lumière traverse les fenêtres, les colonnes, les toitures ondulées. Elle se pose sur les surfaces, mais d'où provient-elle ? Vous réaliserez alors que rien n'est authentique dans ses reconstitutions du réel.
Nous évoluons dans un monde idéalisé, fantasmé, aux teintes antiques, à l'autorité d'une colonne grecque éternelle. Dans ces tableaux, règne la quiétude paisible de l'Europe méridionale, de ces paysages ensoleillés qui ont hanté nos rêves d'adolescents, grâce à Savinio. Nous nous trouvons ainsi immergés dans une géographie culturelle, une géographie humaine, et c'est là mon troisième point. La tendance de Valerio Cugia semble se diriger vers une intériorisation significative de ses tableaux, les éloignant de plus en plus de la réalité pour devenir de plus en plus l'expression de son moi intime.
Examinons les deux typologies de tableaux présentes dans sa production la plus récente : les paysages et les intérieurs.
Dans ses nouvelles expérimentations, la nature déploie une puissance atavique, une force transposée sur toile grâce à une utilisation intense de teintes orange et jaunes, évoquant la Méditerranée. Elle explore aussi les tons sombres, du noir au violet, des paysages nocturnes et volcaniques.
La nature est si imposante que les édifices ne font que s'y accrocher, semblant protéger les vestiges d'une civilisation disparue, sous l'empreinte solaire. Quant aux espaces intérieurs, ils paraissent vides, solitaires, comme des reliques de vies passées destinées à demeurer dans un silence suspendu tant que notre regard s'y posera.
Stefano Magni
Ecrivain, Enseignant et Chercheur,
Aix-Marseille Université
Elève du peintre et graveur Manlio Guberti Helfrich. Son travail et sa recherche esthétique en peinture et gravure sont orientés vers l’approfondissement d’un langage figuratif moderne. Son intérêt pour la gravure l’a poussé à utiliser diverses techniques, en particulier l’aquatinte travaillée avec deux plaques. Il a réalisé de nombreuses séries de gravures pour des éditeurs d’art en Italie et à l’étranger. En 1994, il a peint un cycle de fresques aux Palais Pieri Piatti à Vetralla. Il poursuit une activité de portraitiste international.
Ses oeuvres font partie de plusieurs collections: Musée de Charleville-Mézières (France), Aldegrever Gesellschaft à Münster (Allemagne), New York State à Nassau Community College (États-Unis), Pinacoteca Alberto Martini à Oderzo (Italie), le siege romain de la société Philip Morris Corporate Service, le siège romain de la Peliti Associati, la Federvini, la Consulta Treuhand, Munich (Allemagne), la Dexia Bank Group (Bruxelles, Belgique), la Frisland Bank (Groningen, Pays Bas) et de nombreuses collections privées dans plusieurs pays.
De 1981 à 2022
- Nombreuses expositions personnelles à Rome, Saarbrücken, Soest, Münich, New York, Trieste, Paris, Cagliari, Groningen; à Luxembourg au Centre Culturel des Institutions européennes, à Bruxelles à l’Institut italien de Culture et à la Galerie Albert 1er en 1997, 1999, 2001, 2005, 2008, 2010, 2012, 2014, 2016, 2018; en Italie au Museo Navale à La Spezia et à la Sala Consiliare à Framura (La Spezia) en 2015, aux Pays-Bas à Zuidlaren, à Groningen et à Amsterdam à l’Institut italien de Culture en 2017.
- Participation à plus de cinquante expositions collectives en Italie, France, Etats-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Grand Duché de Luxembourg, Belgique, Espagne, Corée, Chine, Grande-Bretagne et parmi celles-ci au Musée de Montparnasse (Paris) Château-Musée du Cayla (Andillac), Collégiale Saint-Pierre-Le Puellier (Orléans), The Royal National Theater (Londres), Barbican Center (Londres), AAF Contemporary Art Fair (New York), Frisland Bank (Leeuwarden NL), Centro de Cultura Contemporanea (Barcelona).
Liens externes
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Du 5 février au 6 mars 2022 ...
Du 22 mars au 25 avril 2018.
du 4 au 23 mars 2016.